11.7.08

UN FRONT DE LA "PETITE" PRESSE

Ce qu'on appelle la « petite » presse constitue en fait l'une de ces organisations qui, lorsqu'elles sont déjà correctement orientées, peuvent favoriser l'éclosion de réseaux sociaux naturels dans le sens favorable.

A cet égard, une mention toute spéciale peut être réservée à cette « petite » presse en raison de ses possibilités particulières d'efficacité. Parce qu'elle a vocation d'information, il entre dans son rôle d'aider à la formation des esprits ; et parce qu'elle possède son « réseau » d'abonnés et son système de diffusion, elle peut contribuer à la structuration des ensembles humains et à la coordination de leurs activités contre la Révolution.

Il ne faut pas ignorer l'individualisme – parfois négativiste – de certaines publications ou revues qui voient d'un mauvais œil toute idée de « mise en commun » de quoi que ce soit avec un collègue, ne fût-ce que l’acceptation d'une même idée de manœuvre contre la Révolution... Certes, il est légitime que chacun veuille préserver sa personnalité, et c’est d’ailleurs cette personnalité qui lui vaut sa clientèle. Elles peuvent garder jalousement leurs caractères propres, mais leur accord sur les mêmes idées essentielles doit leur faire admettre la nécessité d'une tentative de coordination de leurs efforts. Quelqu'un pourrait-il le refuser devant l'importance de l'enjeu ?

On entend parfois déclarer : « Nous ne pourrons rien faire tant que nous n'aurons pas les mass média... » Mais non ! La possession des mass média supposerait en fait le problème résolu ! A l'heure actuelle, qui pourrait envisager la possibilité d'obtenir des moyens d'une telle importance ? « Avoir » les mass media est donc exclu, si ce n'est en les gagnant peu à peu au cours d'une évolution de l'opinion publique, ceci étant l'une des conséquences naturelles de l'action politico-sociale à mener. Il est évident que cette évolution pourrait se trouver singulièrement accélérée par certains événements mondiaux ou nationaux.

La « grande » presse est également hors de portée, mais celle que l'on qualifie de « petite » a autrement plus de mérite. Il est bien entendu qu'il s'agit ici de celle qui défend les principes de notre Civilisation chrétienne – même quand le terme « chrétien » n'est pas affiché – et qui, en outre, non seulement n'attend rien de certains adversaires de notre Civilisation, mais sait « se compromettre » jusqu'à les désigner pour ce qu'ils sont. Elle se bat pour faire passer les idées essentielles : celles qui n'intéressent plus une masse en quête de lectures faciles et distrayantes, celles qui n’augmenteraient ni la clientèle ni les bénéfices des organismes de « grande presse »…

Notre « petite » presse, en revanche, s’adresse à une élite relative qui, hélas, n’as pas pour l’instant de chef « sur le terrain ». Elle réussit à survivre dans l'attente d'un réveil dynamique de la part du Pays réel... C'est celle que tant d'hommes s'obligent à recevoir et à lire parce qu'elle est déjà bien orientée ; celle qui est faite de toutes ces revues, périodiques, illustrés, magazines, bulletins mensuels, feuilles hebdomadaires qui, au total, font un tirage mensuel dépassant peut-être le million. Mais ce nombre ne prend sa valeur réelle qu'au regard de la qualité que nous pouvons en attendre.

Après l'action individuelle, courageuse, obstinée, souvent menée isolément par ces éléments, un front de cette petite presse peut se manifester de façon plus tangible. Sa base pratique résidera en une coordination des efforts sur des idées simples et des recommandations adaptées aux circonstances politico-sociales du moment.

Qui formulera ces recommandations, et sous quelle forme ? Cela est un problème d'action, à prendre en tant que tel par les intéressés ; et sans entrer ici dans le détail de cette étude, il semble qu'une solution pourrait s'orienter vers une concertation de chefs naturels s'appuyant sur une étude prospective poursuivie au jour le jour par un comité de réflexion.

La petite presse en serait la première bénéficiaire et, en retour, le front de la petite presse peut devenir le support le plus précieux d'une action civique à l'échelon national.

Extrait de La Voix du Pays réel du Colonel Chateau-Jobert