16.1.08

L'Eglise et l'Etat

Dieu, dans son infinie sagesse, a placé le chrétien sous l’autorité de deux sociétés parfaites : l’Eglise et l’Etat. Chacune est établie sur un plan différent : le plan spirituel pour la première, le plan temporel pour le dernier. Leurs domaines d’influence respectifs sont définies par Notre Seigneur dans l’Evangile par la phrase « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Toutefois cette distinction du temporel et du spirituel que Jésus-Christ déclare est plus difficile à appréhender que la simple séparation prônée par l’hérésie laïciste. Saint Thomas d’Aquin a expliqué lumineusement les subtilités de cette distinction, dans trois principes fondamentaux.






Le premier de ces principes s’énonce ainsi : « le droit divin qui vient de la grâce ne détruit pas le droit humain qui vient de la raison naturelle ». Le droit divin régit les relations des hommes avec Dieu, et concerne donc seulement l’Eglise. La raison naturelle est ce qui découle de l’ordre créé par Dieu, c’est la loi qui gouverne la société des hommes, à savoir l’Etat. Ce premier principe explique donc que la loi de Dieu et la loi des hommes ne peuvent être contradictoires, puisque les deux émanent de Dieu. On peut essayer de comprendre ce premier principe sur une échelle plus réduite en le reformulant : ce qu’il est juste de faire pour Dieu ne peut être en contradiction avec ce qu’il est juste de faire pour son prochain. De ce premier principe on déduit :


- la distinction entre les pouvoirs de l’Eglise et ceux de l’Etat.


- l’harmonie entre ces deux sociétés.



Le deuxième principe réside en la distinction des domaines temporel et spirituel. Jésus déclare à Pilate : « Mon royaume n’est pas de ce monde ». De fait, l’Eglise est fondée libre de toute domination temporelle. Elle n’est dépendante d’aucune race, aucune nation, aucun régime. En effet, au premier siècle, toute religion était essentiellement nationale, et on ne distinguait pas la morale et le social. Les Juifs, par exemple, furent incapables d’accepter le Christianisme, car ils attendaient un messie qui eût instauré la domination universelle de leur peuple. A l'inverse, l’Eglise souhaite étendre le règne du Christ sur tous les peuples. Au cours de l’histoire, tout schisme mena les dissidents sous la coupe d’un régime : qu’on pense au grand schisme d’Occident, à l’anglicanisme… L’Eglise Catholique est la seule à créer la distinction et à maintenir l’équilibre entre temporel et spirituel.



Il résulte de ce deuxième principe que l’Eglise est souveraine en tout ce qui est spirituel, c'est-à-dire en tout ce qui a trait au bien commun surnaturel. Complémentairement, l’Etat est souverain en tout ce qui est temporel, c'est-à-dire en tout ce qui a trait au bien commun naturel.




La lacune laissée par les deux premiers principes est la question des domaines où temporel et spirituel sont mêlés, par exemple en morale sociale. Le troisième principe y répond : « La société civile est subordonnée à l’Eglise ». L’Eglise est donc souveraine en tout ce qui concerne directement le salut spirituel du genre humain. Elle est également souveraine, indirectement, en tout ce qui concerne indirectement le salut du genre humain. L’Eglise peut condamner un Etat ou un chef d’Etat dont les décisions publiques seraient immorales, et annuler son pouvoir sur les citoyens.